Le « daisugi » : une technique écologique millénaire de foresterie durable

À l’heure du réchauffement climatique, les enjeux écologiques sont énormes. Feux de forêt en Australie, déforestations au Brésil, etc. L’exploitation du bois a détruit nos forêts et raréfié les ressources naturelles. Mais saviez-vous qu’il existe une technique ancestrale permettant de les préserver ? Focus sur une technique millénaire et écologique japonaise d’élagage d’arbres.

Une technique écologique et révolutionnaire avant-gardiste

Apparue au milieu du XIIIe siècle, la technique du « daisugi » devait répondre à une problématique importante : la pénurie de bois. En ces temps-là, le style architectural du « sukiya-zukuri » était très en vogue.

Cette tendance, qui privilégiait l’usage de matériaux naturels pour les constructions, était particulièrement gourmande en bois, d’autant plus que le type de sol et le manque d’espace ne permettait pas de cultiver des arbres. Il a donc fallu trouver une solution efficace. Ainsi est né le « daisugi », une technique de foresterie durable révolutionnaire et avant-gardiste.

Aujourd’hui encore, les constructions en bois sont privilégiées, d’où l’importance d’adopter cette méthode qui a déjà fait ses preuves par le passé.

Une alternative à la déforestation

Expliquée de manière simple, le « daisugi » consiste à faire pousser plusieurs arbres sur une seule et unique souche. Pour ce faire, il faut tailler les jeunes pousses de façon à ne garder que celles qui poussent vers le haut. Ainsi, le bois obtenu ne contient aucun nœud et est beaucoup plus résistant. Une souche peut supporter jusqu’à 10 nouveaux troncs, sans besoin de la détruire. Il s’agit donc d’une excellente option pour combattre la déforestation, car il produit le même rendement sans toutefois s’étendre comme une forêt.

Il y a cependant lieu de préciser que cette méthode n’a été utilisée dans le Japon féodal que sur du cèdre, et non sur une autre catégorie d’arbre. Elle n’en demeure pas moins une technique intéressante qui a été essayée sur d’autres types d’arbre, tels que le hêtre ou le chêne. Par ailleurs, le cèdre a été introduit en France et est extrêmement sollicité dans le domaine de la construction.

300 ans de collecte

Un arbre taillé selon la méthode du « daisugi » produit du bois pendant environ trois siècles. Il est possible de trouver des souches vieilles de 300 ans, toujours vivantes, mais devenues impropres à la production de bois.

Pour que les arbres puissent atteindre une telle longévité, tout en préservant la qualité du bois obtenu, il est nécessaire de les entretenir tous les 2 ou 4 ans. Pour cela, il faut enlever les pousses qui pourraient faire apparaître des branches horizontales. Le but de cette manœuvre est d’empêcher que l’arbre ne s’étende en largeur.

Des bonsaïs géants

Le « daisugi » s’inspire de la méthode utilisée pour tailler les bonsaïs. Cela leur permet de pousser de façon sobre et élégante. Cette caractéristique en fait une bonne technique pour la décoration de votre jardin et de vos espaces verts. Malheureusement, il est quasiment impossible de trouver un jardinier ou un paysagiste français qui maîtrise cette approche.

Recyclage des chutes obtenues

Les chutes obtenues après l’entretien des arbres peuvent être utilisées pour la fabrication de combustibles utilisés pour les systèmes de chauffage, comme le charbon de bois, ou la granule. Elles peuvent également être replantées. Ainsi, rien ne se perd, ce qui témoigne encore plus de l’aspect écologique du « daisugi ».

Une potentialité économique importante

Le « daisugi » permettant de produire massivement du bois, il y a lieu de se pencher sur l’atout économique qu’il constitue. En effet, l’exploitation du bois ne serait plus problématique, et il serait possible d’exporter le rendu obtenu.

De plus des essais sont en cours pour déterminer si cette technique peut être appliquée à des arbres fruitiers. Si tel est le cas, alors la production de fruits décuplera, ce qui aura pour effet d’augmenter la croissance économique des pays qui utiliseront cette méthode.