Partout, dans les grandes villes aux quatre coins du monde, la qualité de l’air devient la préoccupation de la population. Les pics de pollution font l’objet d’âpres débats écologiques. Comme l’eau, l’air, c’est la vie. Sa qualité est un enjeu environnemental majeur. Évidemment, l’altération de la qualité de l’air a des impacts sur toute forme de vie sur notre planète. Initiée par nombreux organismes de protection de l’environnement, la guerre contre les principales sources de pollution atmosphérique a débuté depuis longtemps. Mais qu’en est-il des différents polluants générés par les activités agricoles. Le sujet commence à intéresser les écologistes. L’agriculture, participe-t-elle à la pollution de l’air ? Dans le contexte agricole français, les données relatives aux émissions de polluants générées par l’agriculture n’existent pas beaucoup. Cependant, nombreux défenseurs de l’environnement lancent des alertes sur la dégradation de la qualité de l’air dans nombreuses zones agricoles à cause de l’utilisation d’intrants peu respectueux de l’environnement. Mais faut-il s’alerter pour autant ? Pour avoir des réponses à cette question, il est important de comprendre quelques mécanismes de la pollution de l’air.
Les émissions de particules
Les sources des émissions de particules et de gaz dans l’atmosphère sont diverses : activités humaines (transports, industries, agriculture, chauffage résidentiel, etc.), phénomènes naturels (incendies de forêts, brumes de sable, volcans), etc. Une fois émis dans l’air, ces émissions interagissent avec les autres composés déjà présents dans l’atmosphère. Elles peuvent aussi subir des transformations à la suite de réactions chimiques diverses et sous l’influence des conditions météorologiques (chaleur, humidité, lumière…). Les émissions des composés azotés, des composés organiques volatils, des particules primaires, des pesticides et du méthane ne dérogent pas à ce mécanisme. Ainsi, l’agriculture, à travers les intrants comme les engrais et les pesticides, contribue à la production des polluants et d’autres particules nocives à l’environnement. Il existe deux types de polluants. Ceux qui sont émis directement comme les poussières, le monoxyde d’azote, le monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, les métaux lourds, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les composés organiques volatils sont classés parmi les polluants primaires. En revanche, toutes les autres particules ayant subi des transformations physico-chimiques au fil de leurs déplacements sont classées parmi les polluants secondaires. C’est le cas de l’ozone (O3) et du dioxyde d’azone (NO2).
Émissions et concentrations
Dans le secteur agricole, les émissions de polluants atteignent leurs pics durant la période d’épandage agricole d’engrais. Il est ainsi inutile de débattre sur la participation de l’agriculture à la pollution de l’air. En France, 97 % des émissions d’ammoniac proviennent de l’alimentation animale, des effluents d’élevage, des engrais et des fertilisants. Un composant basique, l’ammoniac interagit avec les composants acides présents dans l’atmosphère pour former des composants secondaires comme le nitrate d’ammonium et le sulfate d’ammonium. Sachez que l’ammoniac peut aussi interagir avec les autres composants primaires émis dans l’atmosphère. Lorsque les particules ainsi émises sont accumulées dans l’air, on parle d’un pic de pollution. Ce dernier se traduit par une forte concentration de particules fines dans l’air, pouvant durer quelques heures ou pendant plusieurs jours. Les zones agricoles à proximité des agglomérations urbaines sont souvent les plus sujettes aux pics de pollution. En effet, les émissions générées par les activités agricoles et urbaines (transports, industries, chauffage…) favorisent la formation des particules fines. À l’intérieur de ces zones, l’ammoniac est souvent pointé du doigt comme la cause principale de la pluie acide qui est à l’origine d’autres formes de pollution et de dégradations de l’environnement.
Les impacts de la qualité de l’air sur l’agriculture
Plusieurs polluants présents dans l’air font l’objet de recherches poussées afin de déterminer leurs impacts sur l’agriculture. Cependant, des études récentes démontrent l’installation d’un cercle vicieux parce que les émissions de particules, d’origine agricole, contribuent à la baisse de rendement dans certaines branches. Ce phénomène s’explique par le cycle : émission d’ammoniac, transformation en particules fines et pluie acide. En effet, les pluies acides contribuent à l’appauvrissement des sols qui pousse les agriculteurs à utiliser davantage d’engrais et de fertilisants. Ce qui signifie plus d’émissions d’ammoniac et d’autres substances polluantes dans l’atmosphère. Cependant, même avec un recours effréné aux engrais, les pertes de rendement de certains types de culture peuvent aller de 15 à 30 %. Les impacts de la qualité de l’air ne concernent pas seulement la production agricole, mais aussi la qualité des produits. On parle souvent aujourd’hui de l’accumulation de certains polluants organiques et de métaux lourds dans les tissus végétaux.
La pollution de l’air peut affecter la santé et représente un enjeu économique majeur pour le secteur agricole. La part de pollution engendrée par les cultures industrielles est difficilement quantifiable, même si de nombreuses recherches recommandent le changement de pratique afin de freiner la dégradation de la qualité de l’air. C’est d’ailleurs ce constat qui a poussé les écologistes à partir en croisade contre l’usage abusif d’engrais, de fertilisants, de produits chimiques et d’autres polluants.